CHAPITRE
8 : La cérémonie
La
jeune fille fut réveillée au petit matin par le
tofu qui, en essayant de rentrer dans son lit, s'était
emmêlé dans les draps.
Il
faisait plus chaud dans son village qu'au berceau, elle habitait
un des plus chaudes régions d'Amakna. L'herbe était
plus jaune que verte, et le soleil chauffait déjà
beaucoup malgré l'heure matinale. Elle croisa quelques
villageois qui la saluèrent. Quand elle arriva devant l'allée
qui menait chez elle, elle aperçut sa mère qui étendait
du linge dans la cour de graviers. Elle courut le long de l'allée
et alla embrasser sa mère. Elle l'aida à étendre
le linge tout en discutant. Amara raconta ses journées
au berceau. Puis son père rentra, aux alentours de 9h.
Ils parlèrent longuement de choses et d'autres. Amara parlait
du Dragon des Flammes, et ses parents répondaient par des
nouvelles du village.
Amara apprit que le vieux roi était très malade
et que les médecins disaient qu'il ne tiendrait pas une
saison de plus. Il s'éteindrait au cours de l'été.
Mais bon, les mêmes médecins avaient déjà
prédis le même évènement, 13 ans auparavant
La jeune fille leur parla de la cérémonie et les
y invita. Ils devaient se rendre au Zaap vers 17h. Ils promirent
d'y être, puis Amara rentra au berceau.
Loulou
l'attendant dans la chambre.
- Ah ! Enfin !
- Ben, il est onze heures moins le quart !
- Oh toi ! On voit bien que t'as jamais fait les boutiques ! Allez
viens !
Son amie ne lui laissa pas le temps de réfléchir
et l'entraîna vers le Zaap. Elles atterrirent entre les
rochers de la plage.
Loulou
qui lui tenait le bras l'emmena dans une rue qui parut gigantesque
aux yeux d'Amara. Elle lui fit visiter toutes les boutiques de
vêtements de la rue, sans exception. Elle lui fit essayer
des centaines de tenues. Amara qui n'avait pas son mot à
dire la suivait dans les boutiques, elle n'avait jamais essayé
tant de choses en si peu de temps ! Elle fut contente quand Loulou
se décida. A vrai dire, elle dut reconnaître que
la jeune fille savait ce qu'elle faisait.
La robe était magnifique. Elle était de couleur
lilas et recouverte de paillettes argentées. Le haut était
très serré et le col laissait avantageusement sa
gorge à découvert, les manches, longues, étaient
fines et serrées. La jupe en revanche était plutôt
large et frôlait le sol quand elle marchait. Une fine couronne
assortie à la robe accompagnait l'ensemble.
Amara
poussa un soupir désespéré quand elle comprit
que Loulou allait l'entraîner vers d'autres boutiques afin
de lui trouver des chaussures.
Il était près de 14h quand elles eurent fini leurs
achats.
Loulou
porterait une longue robe bordeau fine et serrée. Elle
était ouverte derrière, des lacets rouges se croisaient
sur son dos, nu jusqu'à la taille.
Elles
repartirent en direction de la plage, portant leurs paquets.
Amara s'arrêta devant une immense maison, un peu en retrait
de la ville.
- Ouah ! Elle est immense cette maison ! On doit avoir une belle
vue sur la mer, d'en haut !
- Ouais, tu veux visiter ?
- Tu plaisantes ???
- Bah non, viens voir.
Elles s'approchèrent du portail de métal noir et
Loulou actionna la poignée. On entendit une voix près
du portail.
- Oui ?
- C'est moi.
Loulou poussa le grand portail, Amara la suivit dans la grande
cour. Des arbres bordaient l'allée entourée d'une
vaste étendue d'herbe verte. Un homme vint à leur
rencontre, il portait un costume noir, sa chemise était
d'un blanc éclatant.
- Bonjour Lanlan.
- Bonjour Mademoiselle.
- Nous déjeunerons sur le balcon dans une demi-heure.
- Bien Mademoiselle.
Amara
était visiblement impressionnée par ce qu'elle avait
devait les yeux. La villa était encore plus imposante vue
de près. Avec ses 3 étages, ses balcons et ses baies
vitrées.
- Tu verrais ta tête ! Eh, c'est qu'une maison !
- Un château tu veux dire ! Y'a pas ça près
de chez moi, j'ai jamais vu une " maison " aussi grande
!
- C'est vrai qu'elle est pas petite, mais bon tu vas voir, y'a
que deux étages qui son réellement habités.
Loulou
s'avança jusqu'à la porte, Amara sur ses talons.
Elles entrèrent. Le rez-de-chaussée n'était
qu'une seule pièce, qui représentait le hall. Un
grand escalier de marbre, au centre de la pièce, menait
l'étage supérieur. La pièce était
éclairée par de nombreuses fenêtres et, à
droite, une porte-fenêtre menait à une terrasse.
Au dehors on apercevait de l'eau, comme un étang. Des arbres
étaient plantés tout autour, pour faire de l'ombre.
Elles montèrent l'escalier. A l'étage, il y avait
d'un côté les cuisines et une grande salle à
manger, de l'autre côté, trois chambres et salles
de bains, dont celles des parents de Loulou. Quelques pièces
avaient été transformées en un appartement
qui appartenait au majordome, Lanlan.
Les deux jeunes filles montèrent encore un escalier, ici
il y avait un grand bureau, des espaces de rangement, quelques
chambres ou autres pièces avaient été transformées
en remises et étaient remplies de divers placards et boites
de rangement. Un autre appartement, pour la femme de ménage
faisait face à la grande chambre de Loulou.
Loulou gravit une échelle qu'Amara n'avait pas remarquée,
au fond du couloir. Amara la suivit.
- Ma salle préférée ! Pour faire la fête
!
Ce qui avait dû être un grenier avait été
emménagé entièrement : une estrade était
surmontée d'instruments de musique. De nombreuses tables
et chaises étaient disposées çà et
là, dans la salle.
Au fond, dans l'angle, se trouvait un grand bar.
Elles
redescendirent et allèrent dans la chambre de Loulou.
La pièce était lumineuse, tous les meubles, ainsi
que les murs étaient blancs. Une porte menait à
la salle de bains, à leur droite. La porte-fenêtre
en face de la porte, menait à un grand balcon et donnait
une pleine vue sur la mer.
Elles sortirent. Sur une petite table de fer ronde, au milieu
du balcon, le repas était servi. Elles mangèrent
puis redescendirent. Loulou fit visiter les jardins à son
amie, puis elles repartirent.
En
arrivant, elles filèrent s'enfermer dans leur chambre.
- Hop ! On va voir qui sera la plus belle, maintenant !
Loulou aida Amara à s'habiller et à se coiffer :
Un petit chignon derrière la couronne pailletée.
Puis elle se prépara, les préparatifs avaient duré
une heure environ.
Chacune trouvait que l'autre était plus jolie, et elles
n'arrivaient pas à se départager.
A
16h30, la prêtresse Samilia vint chercher Amara pour l'emmener
à la cérémonie.
Tous les autres arriveraient à la salle des fêtes
à 17h précises.
Elle emmena Amara vers le Zaap au centre des jardins. Amara reconnut
la salle où elle avait passé la première
épreuve, le jour de son entrée dans l'ordre ; épreuve
qu'elle n'avait d'ailleurs pas comprise. Elles se dirigèrent
derrière la fontaine.
Il y avait, sur une table, un socle de plomb. Au dessous d'un
trou, au milieu du socle, une bille d'argent d'environ deux centimètres
et demi de diamètre était disposée au dessus
d'un gros cube de bois.
Maître Tsongor et trois autres prêtres qu'Amara ne
connaissait pas se trouvaient derrière la table.
- Tu dois faire fondre cette bille d'argent, dit l'un d'entre
eux.
Amara n'était pas impressionnée, elle savait qu'elle
pouvait le faire.
- Bonne chance.
Au signal, elle se concentra et appela le feu. Elle ferma les
yeux jusqu'à ce qu'elle le sente prêt. Puis elle
fixa la bille d'argent. Elle se concentra comme elle l'avait appris
sur l'aspect de la bille et les courbes du métal, puis
referma les yeux. Elle chauffa le cur de la bille.
Celle-ci devint rouge vif et commença à fondre lentement.
Le métal coula dans le cube de bois percé. Quand
le métal eut totalement coulé, Amara ouvrit les
yeux et attendit.
- Maintenant, tu dois réduire le cube de bois en cendres
Amara fixa le bois qui se consuma instantanément.
Les prêtres semblèrent surpris par la rapidité
de l'opération.
Au
milieu des cendres, un petit Dragon de métal.
C'était un bijou comme ceux que portaient toutes les personnes
de l'ordre. Le métal était orangé et parcouru
de reflets d'argent. Maître Tsongor prit la parole.
- C'est une des réactions de l'argent face à la
magie. Tu dois le porter sur toi, c'est ce qui montre que tu appartiens
à l'ordre du feu : Le Dragon des Flammes. Tu peux le porter
comme bracelet, pendentif ou broche. La plupart des gens les utilisent
comme broche discrète qu'ils utilisent pour attacher leur
cape. Qu'est-ce que tu préfères ?
- Un bracelet.
Un des sorciers prit l'oiseau de métal et s'éloigna.
Il revint quelques minutes plus tard, il avait fixé l'oiseau
sur une chaînette qu'il passa autour du poignet de la jeune
fille.
- Après avoir triomphé des deux épreuves,
tu appartiens maintenant officiellement à l'Ordre du Dragon
des Flammes.
- Le premier jour, si tu avais cédé à la
panique, la petite lumière que tu as du apercevoir aurait
grandi en se rapprochant de toi. En te touchant, elle t'aurait
ramené à la sortie, dans la grotte ou tu as découvert
le Zaap, et tu aurais tout oublié.
- Si aujourd'hui tu n'avais pas pu effectuer ce qui t'était
demandé, tu n'aurais pas eu le droit de continuer à
apprendre à utiliser la magie
- Félicitations.
Amara
fut reconduite au Zaap puis elle se retrouva au milieu de la salle
des fêtes.
Tout le monde la regarda, puis un murmure parcourut la salle.
Amara ramena ses mains devant elle, quand ils virent le petit
bracelet d'argent, ses amis poussèrent un soupir de soulagement
et tous applaudirent.
On fit entrer les invités. Quand Amara revint avec ses
parents, tout le monde applaudit à nouveau. La musique
commença et Misugi s'approcha de la jeune fille, ils devaient
ouvrir le bal. Durant la soirée, Amara qui était
déjà fatiguée à cause de sa matinée
de shopping, dansa avec beaucoup de garçons de l'ordre
et des invités. A chaque fois que la musique commençait,
Amagi demandait à la jeune fille de danser avec lui. Amara
accepta quelques fois, mais la plupart du temps elle se contentait
de s'éloigner en riant. De grands buffets étaient
dressés contre les murs de la salle de danse, et il y avait
un grand choix de nourriture. Elle fit visiter les jardins et
les bâtiments à ses parents.
Peu
à peu, les invités partirent, et les parents d'Amara
se retirèrent à leur tour, ils ne voulaient pas
rentrer dans le noir car pendant la nuit il n'y avait aucune lumière
sur le chemin.
Les habitants du berceau restèrent une grande partie de
la nuit à danser dans la salle.
C'était une fête très réussie. La salle
de danse se vidait petit à petit et chacun allait se coucher.
Amara alla faire un tour dans les jardins avant de dormir. Misugi
la rejoignit peu de temps après. Ils n'avaient pas eu le
temps de parler beaucoup ce jour-là, ils ne s'étaient
pas vu de la journée, ni aux repas.
Misugi portait un costume noir qui contrastait avec sa peau claire.
De petites lampes, accrochées ça et là dans
les arbres jetaient une lumière verte sur toute l'étendue
des jardins et se reflétaient sur la robe d'Amara.
Misugi
s'approcha d'elle.
- Félicitations, le grand prêtre m'a raconté
l'épreuve, tu t'es très bien débrouillée.
Il lui adressa un sourire rayonnant. Amara sourit son tour et
ne put s'empêcher de s'approcher plus près du jeune
homme afin de le sentir tout contre elle. Il l'enlaça et
la regarda avec tendresse. Amara passa ses bras autour du cou
de Misugi et lui déposa un petit baiser juste au coin des
lèvres.
Ils restèrent ainsi durant de longues minutes, Amara posa
la tête contre l'épaule du jeune homme et il la berça
tendrement.
Puis il s'éloigna un petit peu et la regarda.
- Tu es magnifique ce soir.
Il lui sourit et approcha lentement son visage de celui d'Amara,
jusqu'à sentir les lèvres de la jeune fille tout
contre les siennes. Il l'embrassa avec tendresse.
Amara lui sourit amoureusement. Elle se sentait bien.
Il passa le bras autour de ses épaules et ils prirent le
chemin du retour.
Alors
qu'ils marchaient lentement dans l'allée, ils entendirent
un ricanement dans les buissons. Bien qu'il se doutait de qui
était la personne qui se cachait là. Misugi s'approcha
du buisson et y donna un coup de pied. Ils virent Amagi s'enfuir
en riant.
- Il est collant quand il s'y met !!
- Bah
il a l'air jaloux, Amara rit doucement, tu aurais
vu comme il me tournait autour pendant la fête !
- J'ai vu
bon, on rentre ?
Amara réprima un éclat de rire, Misugi aussi semblait
jaloux. Elle reprit sa main et ils marchèrent en silence
jusqu'au bâtiment. Il la raccompagna jusqu'à la porte
de sa chambre.
Quand Amara rentra, Loulou la félicita. Puis elles se couchèrent.
Amara était fatiguée par cette longue journée
et s'endormit aussitôt.