CHAPITRE
12 : Le sauvetage
Les jours qui suivirent, la jeune fille continua son entraînement,
travaillant avec ardeur.
Un mois passa sans qu'il ne se passe d'événements
particuliers.
Un beau jour au cur de l'été, alors que Loulou
et Amara étaient sorties et profitaient du soleil, allongées
sur leur serviette de plage, elles perçurent un faible
cri venant d'un buisson, au dessus de la plage.
La jeune Osa semblait inquiète, elle se leva et chercha
l'origine du bruit. Elle se dirigea dans cette direction, écarta
les branches d'un arbrisseau broussailleux et découvrit
un homme, recroquevillé sur lui-même.
Il
gémissait faiblement et la douleur se lisait sur son visage.
Il ouvrit les yeux, la fièvre empourprait son visage, il
respirait avec difficultés. Quand il aperçut Amara,
il s'agrippa à son bras, lui faisant presque mal. Amara
le retourna sur le dos et l'allongea. Elle diagnostiqua de graves
brûlures sur ses bras et sa poitrine. Une blessure saignait
abondamment à son épaule. Amara, ne sachant que
faire, appela Loulou. Le cri désespéré de
son amie fit accourir Loulou qui étouffa un cri en découvrant
le jeune homme blessé. Elle s'approcha et repoussa Amara,
la jeune fille, surprise, trébucha et se rattrapa de justesse
à une branche.
Loulou
semblait connaître le blessé, sans hésiter,
elle détacha la ceinture de l'homme et vida le contenu
de la sacoche qui pendait au flanc de celui-ci. Elle fouilla un
instant parmi les fioles, les fleurs et les ustensiles répandus
dans le sable. Observant par-dessus l'épaule de la petite
fée, Amara reconnut le matériel d'alchimiste. Elle
était troublée et ne remarqua pas tout de suite
que Loulou lui faisait signe d'approcher.
- Ama ! Mais aide-moi enfin !
Elle lui tendit une petite fiole et un grand morceau de tissu.
- Occupe-toi de son épaule.
Loulou sortit de la sacoche la petite paire de ciseaux en argent
qui servait à couper les tiges des fleurs les plus résistantes
ainsi que les plus délicates, elle découpa maladroitement
le haut de la tunique déjà en lambeaux, brûlée
et tachée de sang.
Amara se pencha sur le blessé et versa le contenu de la
fiole sur la plaie, elle la compressa ensuite fortement avec le
tissu pour empêcher le saignement.
Elle
réprima un petit cri d'horreur en détaillant la
poitrine du garçon, sa peau était brûlée,
des griffes zébraient son torse, laissant des marques jaunâtres
Loulou battait nerveusement des ailes, murmurant ses incantations
d'une voix faible. Son visage était baigné de larmes.
- Ama ! Je n'y arriverai jamais seule ! Gémit-elle, désespérée.
Amara utilisa la ceinture pour maintenir le tissu sur l'épaule
du jeune homme. Elle contourna son corps et s'approcha de Loulou,
sans hésiter, elle passa les bras autour des épaules
de son amie et se concentra pour l'aider comme l'avait fait Misugi
avec elle.
Loulou soupira de soulagement en sentant ses forces revenir et
s'activa sur le corps du blessé. Les brûlures devinrent
moins rouges, les griffes se rétractèrent.
Une
fois les premiers soins donnés, Loulou détourna
son attention de l'homme et se laissa tomber sur le côté.
Amara, sentant son propre épuisement, réalisa l'effort
qu'avait du fournir Loulou. Elle se leva et fit maladroitement
quelques pas.
Elle
du s'y reprendre à plusieurs fois pour retrouver un équilibre
à peu prêt stable. Elle se dépêcha de
regagner le berceau. Assise sur le socle de pierre, entre les
rochers, Amara attendit. La lumière autour d'elle brillait
faiblement. Elle attendit un long moment avant de réaliser
qu'elle ne saurait activer le Zaap dans cet état. Elle
ferma les yeux et se concentra, sa tête était douloureuse.
Soudain elle se sentit transportée. Quand elle regarda
autour d'elle, sa vision trouble lui montra un grand temple.
- Amara ?
La jeune fille leva les yeux vers le sorcier.
- Mais depuis quand n'arrives-tu plus à activer les Zaaps
? C'est
Il
s'interrompit en voyant la fatigue de la jeune apprentie.
- Amara, il y a un problème ?
- Un homme blessé sur la plage
plus en danger maintenant
Loulou
L'esprit d'Amara était embrumé, elle ne trouvait
plus les mots qui convenaient.
- Ne bouge pas Amara, nous allons envoyer de l'aide.
Le prêtre sortit, Amara resta seule au milieu de la pièce,
cherchant à reprendre ses esprits.
Au bout de quelques longues minutes, quelqu'un entra dans le temple.
C'était un jeune homme plutôt petit, il avait une
étrange peau bleu nuit, presque violette, de la même
couleur que les petites ailes que l'on apercevait dans son dos.
Il semblait heureux et paisible. Il s'assit devant Amara et la
regarda. Il murmura quelques mots et la jeune fille se sentit
tout de suite soulagée, ses idées se remettaient
peu à peu en place. Elle se leva et ne ressentis plus rien
des vertiges ressentis quelques instants plus tôt, elle
se sentait parfaitement bien.
- Merci. On se connaît il me semble ?
- Je suis un ami de Misugi, Romanas.
- Oui c'est vrai je m'en souviens.
Amara sembla se souvenir de quelque chose.
- Je dois aller sur la plage !
Le garçon sortit. Malgré sa petite taille, Amara
jugea qu'il devait avoir à peu prêt l'âge de
Misugi.
Amara repensa à l'homme de la plage et se précipita
jusqu'au Zaap de sortie. Elle accourut jusqu'au lieu où
elles avaient découvert le blessé.
Quelques
personnes s'y trouvaient, quelques fées s'affairaient autour
de Loulou. Le blessé était réveillé
et s'entretenait avec le Grand Prêtre. Il avait été
installé sur une civière et couvert d'une couverture,
il semblait encore très faible. Il parlait avec difficulté,
grimaçant de douleur à chaque fois que sa poitrine
se soulevait.
Loulou revint peu à peu à elle et ouvrit les yeux.
Les fées autour d'elle finirent leurs incantations et elle
se leva. Elle s'approcha de la civière. Ne tenant pas compte
du Prêtre qui parlait, elle s'agenouilla prêt du jeune
homme et prit la parole :
- Keazou ! Ce sont les dragufs n'est-ce pas ?
- Loulou
oui les dragufs
ils sont devenus méchants
comme tous les autres
Keazou
ferma les yeux et réprima une grimace de souffrance.
- Mais enfin de quels autres parles-tu ?
Le Prêtre intervint alors :
- Loulou, du calme. Ton ami a besoin de repos, nous parlerons
de tout ça un peu plus tard.
- Merci Loulou
je n'aurai certainement pas survécu
sans toi.
- Je n'allais tout de même pas te laisser mourir derrière
ce buisson, le taquina Loulou.
Amara
s'avança timidement, derrière Loulou. Le Grand Prêtre
dit :
- Je crois que tu oublies Amara, Loulou. Elle a beaucoup contribué
au sauvetage.
Amara croisa le regard du jeune homme et se sentit rougir alors
qu'il la regardait dans les yeux, son regard était reconnaissant.
Il la remercia.
- Mais ce n'est rien, n'importe qui aurait fait la même
chose ! Et puis j'ai pas aidé beaucoup
Loulou était couverte d'une couverture, Amara, toujours
en maillot de bain, s'aperçut qu'elle frissonnait. L'inconnu
la dévisageait, elle-même ne pouvait s'empêcher
de l'observer.
Au
même moment, Misugi arriva à l'improviste derrière
Amara et l'enlaça. Surprise, elle sursauta et se retourna
afin de lui rendre son étreinte. Sans lâcher la jeune
fille, Misugi se retourna vers le blessé.
- Bonjour Keazou.
A la surprise d'Amara, et de Keazou lui-même, le ton de
Misugi avait quelque chose de froid, il semblait énervé.
Celui-ci ne savait que dire au jeune homme allongé sur
la civière. Son bras crispé autour de la taille
d'Amara traduisait son humeur. Amara comprit que son ami n'avait
pas apprécié le regard de Keazou et l'attention
que celle-ci lui portait. La jeune fille exaspérée
se détacha de l'étreinte envahissante de Misugi.
Loulou quant à elle semblait tout à fait d'accord
avec Misugi, si bien qu'Amara battit en retraite et alla s'asseoir
un peu plus loin sur un rocher.
Le
Bouftou qui observait la scène depuis le début,
s'approcha de sa jeune maîtresse. Elle le prit sur ses genoux
et le caressa distraitement en observant la scène de loin.
Misugi discuta un moment avec Loulou puis il s'éloigna.
Il adressa un petit signe de la main à Amara et rentra.
Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse entre
les rochers. Puis elle reporta son attention sur le blessé.
Le jeune disciple de Iop semblait dormir. Sur ordre du prêtre,
quelques personnes soulevèrent la civière et le
groupe se dirigea vers le Zaap. Loulou marchait à côté
du blessé.
Amara suivit, derrière.
Keazou fut installé dans une chambre à part, en
dehors des dortoirs. L'incident fut énoncé durant
le repas.