CHAPITRE
16 : ShadowTony
Pendant
ce temps, seule au fond de sa prison, Amara aurait donné
cher pour voir à nouveau la lumière du soleil. Physiquement,
elle se sentait mieux. Elle avait beaucoup dormi, et ces dernières
heures au chaud, enroulée dans sa cape lui avaient été
bénéfiques ; elle ne tremblait plus. Ses maux de
tête persistaient néanmoins, et elle était
complètement perdue. Elle avait du mal à remettre
de l'ordre dans ses idées afin de pouvoir penser clairement.
Elle
était réveillée, adossée à
la paroi de la cabine, sa cape sur les épaules, écoutant
les bruits autour d'elle. Le bateau tout entier grinçait,
les vagues faisaient du bruit en s'écrasant sur la coque.
Amara entendait parfois des voix et bruits de pas de l'autre côté
de la porte. Elle se demanda depuis combien de temps elle était
là : dans ses longues périodes de sommeil, la jeune
fille avait perdu toute notion du temps qui passait. Elle estima
avoir passé quelques jours dans cette pièce : elle
distinguait le jour où elle était arrivée,
le jour où on lui avait apporté de l'eau, et le
jour où elle avait retrouvé sa cape, mais n'avait
pas la certitude que tout cela ne s'était pas passé
en un seul jour.
En pensant à l'eau que le démon lui avait apportée,
elle s'aperçut qu'elle avait soif. Elle regarda en direction
du pain qui était resté dans le coin de la pièce
; son estomac lui réclamait de la nourriture, mais elle
se sentait incapable de manger quoi que ce soit.
Elle
ressentit au même moment une violente envie d'aller aux
toilettes. Elle savait d'expérience qu'elle pourrait se
retenir encore au prix de fortes douleurs au bas-ventre.
La jeune fille se leva, lentement. La tête lui tournait
encore. Elle fit quelques pas maladroits et se retint au mur de
bois, froid et humide. Elle avança vers la porte en titubant,
la douleur recommençait à cogner dans sa tête.
Amara n'avait pas particulièrement peur, jusqu'à
maintenant, elle avait eu à boire et à manger, on
lui avait même rendu sa cape. Visiblement, on ne cherchait
pas à lui faire du mal. Elle fit quelques pas de plus vers
la porte et s'arrêta. Elle s'adossa au mur afin de se stabiliser
et de chasser les vertiges qui l'assaillaient.
Au bout de quelques minutes, elle quitta la paroi de bois et s'assura
qu'elle pouvait marcher, presque normalement. Elle s'approcha
de la porte et tourna délicatement la poignée. A
sa plus grande surprise, la porte s'ouvrit en grinçant.
Amara attendit que la porte s'ouvre totalement et avança.
Devant elle, il y avait des empilements de caisses et sacs de
toile. Il régnait la même obscurité que dans
la petite pièce où elle se trouvait. L'obscurité
n'était troublée que par quelques raies de lumière
qui venaient du " plafond ".
Amara
avança lentement. Elle perçut un mouvement à
sa gauche et se retourna en sursautant.
Dans l'ombre, elle n'avait pas vu l'homme à demi masqué
par la porte.
- Alors, tu veux sortir ma belle ?
Amara ne répondit rien à la question. L'homme s'avança
vers elle, elle recula d'un pas et l'observa.
L'homme était massif, ses énormes bras dépassaient
d'une veste de marin sale et déchirée. Ses cheveux
emmêlés, autant que sa barbe, semblaient n'avoir
jamais été lavés. Son pantalon, trop court,
était déchiré lui aussi et la fermeture éclair,
au dessous de sa ceinture débouclée était
ouverte.
Amara
fut heureuse qu'il fasse noir car l'obscurité cachait la
grimace de dégoût qui devait s'afficher sur son visage.
Les odeurs qui se dégageaient de l'homme, mêlées
à celles de l'alcool, étaient insoutenables.
Il lui tandis sa bouteille - sûrement du rhum. -
- T'as soif ma jolie ? Viens par là.
Amara recula encore.
- Allez viens, tu m'aimes pas ? Moi je t'aime, viens avec moi
!
Il arriva à sa hauteur et lui agrippa fermement le bras.
Elle gémit de douleur.
- T'aimes pas avoir mal ma belle ? Viens je te ferais pas mal,
viens voir je te fais visiter cabine.
Amara tenta de se dégager mais il lui serra plus fort le
bras, elle gémit a nouveau. Il l'attira vers lui.
- Dis, t'as perdu ta langue ? Allez montre la moi !
Il approcha son gros doigt sale de la bouche de la jeune fille
- LACHE LA !
Le
gros homme lâcha Amara qui recula vivement jusqu'à
la porte de sa chambre, soucieuse de mettre le plus de distance
possible entre ce monstre et elle. Il se retourna en grondant.
- C'est bon quoi, on peut même plus s'amuser sur son propre
bateau !
- Tu ne dois pas abîmer la marchandise, le maître
ne serait pas content. Et puis tu n'as pas vu ce qu'elle a fait
au cimetière. Tu devrais la laisser tranquille.
Amara n'écoutait pas ce qu'ils disaient, elle se remettait
peu à peu de sa peur. Elle se retourna et regarda l'homme
qui parlait. Il était grand et totalement habillé
de noir. Une grande cape descendait élégamment le
long de son dos, touchant presque le sol. Amara ne distinguait
pas son visage recouvert par la même capuche noire que celle
des autres démons.
- Si tu l'embêtes, okay mais c'est à tes risques
et périls. Par contre je t'interdis de la toucher. Tu auras
autant de jouets que tu veux quand le maître aura le sien.
Mais le gros homme était parti.
Amara
regarda le démon qui lui était venu en aide, elle
ne l'avait jamais vu. Lui aussi était grand et mince, son
teint pâle était accentué par ses longs vêtements
noirs. Elle resta immobile, impressionnée. Il se retourna
et donna un ordre d'une voix froide avant d'entrer dans la pièce
derrière lui, sans un regard à Amara.
Un
autre démon apparut à sa place. La jeune fille ressentit
un peu de soulagement en reconnaissant l'homme qui lui avait rendu
sa cape. Mais elle chassa vite ce sentiment, c'était un
démon.
- Retourne dans la cabine, et ne te frotte pas trop à cet
alcoolique de capitaine, il aimerait trop ça
Amara ne se fit pas prier et rentra dans sa " chambre ",
le démon sur ses talons. Elle s'approcha de la paroi de
la cabine et s'y adossa. Le démon entra derrière
elle et referma la porte.
- Tu as l'air d'aller mieux.
Elle le dévisagea. Comme l'autre démon, sa peau
était très claire. Il avait les yeux de couleur
marron clair, un peu comme ceux d'Amara. Son visage était
à demi caché par l'ombre d'un capuchon de tissus
noir, épais. Ses vêtements aussi étaient noirs,
une longue cape, sur ses épaules, était assemblée
avec une pièce de tissus par de petites attaches d'argent,
formant une grande et élégante tunique noire.
- Eh bien ? Tu ne veux pas me parler ? Qu'est-ce que tu faisais
dehors si tu ne veux pas parler ?
Il s'approcha un peu d'elle. Elle resta sur ses gardes mais ne
bougea pas. Elle rougit légèrement.
- Je voulais aller
La
jeune fille se rendit compte que c'étaient les premiers
mots qu'elle prononçait depuis son enlèvement. Les
derniers mots qu'elle avait prononcés avaient été
adressés à Misugi, dans le sombre caveau.
Plongée dans ses pensées, elle revint à la
réalité en entendant la voix du démon qui
avait dû remarquer son trouble.
- Ca va Amara ?
- Oui, je
- Où voulais-tu aller ?
- Je
cherchais les toilettes, marmonna-t-elle en rougissant
de plus belle.
- Oh
c'est vrai, je n'ai pas pensé à ça.
Excuse-moi.
Amara ouvrit la bouche, surprise, mais ne sut que dire. Le démon
venait de s'excuser de ne pas assez avoir pris soin d'elle ! Elle
réfléchit, cherchant s'il pouvait y avoir un piège
dans ses excuses. Elle regarda le démon d'un air incompréhensif
qu'il fit mine de ne pas remarquer.
- Je vais t'y amener, viens.
Amara,
réticente, finit quand même par le suivre dans l'autre
salle. Elle se sentait bizarrement mieux. Elle arrivait à
marcher normalement et seule une légère douleur
persistait dans sa tête. Le démon, devant elle contourna
les entassements de caisses et sacs de toiles. Un petit escalier
de bois abrupt et étroit menait à une trappe. Le
démon monta et l'ouvrit.
Amara, éblouie, ferma les yeux et recula hors du carré
de lumière. Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait
vu aucune lumière. Sa tête recommença à
lui faire mal. Elle se frotta les yeux et s'obligea à regarder
une nouvelle fois la lumière du jour. Le soleil semblait
être juste au dessus de la trappe ; il ne devait pas être
loin de midi. Le démon sortit. La jeune Osa commença
à gravir les marches de l'escalier grinçant et sortit
sur le pont du bateau. Le vent soufflait fort, faisant claquer
les lourdes voiles. Le soleil n'était pas aussi haut qu'elle
l'avait pensé et elle jugea que l'après-midi était
déjà bien entamée. Une fois que ses yeux
se furent habitués à la vive lumière, elle
regarda autour d'elle. En faisant un tour sur elle-même
et en regardant aussi loin que ses yeux le lui permettaient, la
jeune fille ne voyait que de l'eau. Le vent créait d'énormes
vagues qui venaient s'écraser sur la coque du bateau.
Aucune terre en vue, aucune île à proximité.
Sur
le bateau, Amara se trouvait juste devant le mât, où
étaient accrochées les grandes voiles.
Derrière le mât, elle apercevait le pont supérieur
ou menait une échelle de bois adossée à la
cabine principale du bateau. Elle se retourna, elle vouait à
présent l'avant du bateau, une sculpture de bois semblait
avoir été ajoutée après la construction
du bateau, elle représentait l'image symbolique du démon,
avec de petites cornes, une queue fourchue et de grandes ailes
pointues.
Des démons étaient assemblés à l'avant
du bateau, il y en avait sept qui s'étaient levés
et regardaient la jeune fille et celui qui l'accompagnait.
Celui-ci
toucha l'épaule d'Amara et la poussa doucement devant lui,
vers la cabine, à l'arrière du bateau. La jeune
fille jeta un coup d'il derrière elle, les démons
les fixaient toujours d'un air malveillant. Ils étaient
tous vêtus de la même manière ; leurs longues
capes noires battaient leurs jambes avec de petits claquements
secs. Ils n'avaient pas l'air ravis d'être là, et
encore moins de voir leur prisonnière sur le point.
Il faisait froid, la jeune fille frissonna. Elle n'avait pas emporté
sa cape. Ses jambes sortaient de l'engourdissement causé
par les longs jours passés sans marcher et elle sentait
le vent glacé à travers ses vêtements d'été.
Le vent s'engouffrait dans sa robe courte dont le fin tissu bleu
était un peu déchiré, la faisant trembler
de la tête aux pieds.
Le démon repassa devant la jeune fille et ouvrit la porte
de la cabine. Amara entra à sa suite.
L'intérieur
était beaucoup plus spacieux que le reste du bateau, il
semblait aussi plus grand que ce qu'on voyait de l'extérieur.
Amara se trouvait dans un couloir, sur les murs, des lanternes
l'éclairaient.
Le démon ouvrit une petite porte à droite. Ils entrèrent.
La pièce ressemblait à une grande cuisine désordonnée.
- Je te laisse ici, tu trouveras de l'eau qui chauffe dans le
chaudron là-bas.
Il montra le fond de la petite pièce.
Amara aperçut un chaudron où l'on voyait de l'eau
bouillonnante, une grosse louche était accrochée
au mur au dessus d'un tonneau et des récipients en bois
tels que celui dans lequel on lui avait donné à
boire étaient entassés sur une étagère
de bois.
Amara se retourna pour remercier le démon mais celui-ci
était déjà parti. La jeune fille repoussa
la porte pour la refermer.
Elle
regarda autour d'elle mais ne vis pas de toilettes, c'était
pourtant bien ce qu'elle avait demandé
Elle avança vers le centre de la pièce. Amara fut
surprise de voir que ce qu'elle avait pris pour une autre paroi
de bois, à sa gauche, était une rangée de
quatre petites portes.
Quand elle s'approcha, rien qu'à l'odeur, elle sut qu'elle
avait trouvé ce qu'elle cherchait.
Elle pensa que le bateau était vraiment bien aménagé
pour un bateau de démons.
Elle s'approcha en fronçant le nez, l'odeur était
difficile à supporter.
La jeune fille ouvrit les quatre portes, s'attendant à
voir des lieux sales et dégoûtants. Au lieu de ça,
elle aperçut derrière chacune d'elles une sorte
de siège de bois percé d'un trou au milieu. On entendant
des gargouillements d'eau à l'intérieur et Amara
soupçonna les trous d'être reliés à
des conduits menant directement à la mer. La forte odeur
provenait probablement du fait qu'il ne semblait pas y avoir de
système de chasse d'eau. Elle entra en retenant sa respiration
et en essayant d'ignorer le dégoût que lui inspiraient
les odeurs des lieux. Elle se dépêcha de faire ce
qu'elle avait à faire et sortit précipitamment
Arrivée loin des petites portes de bois et des cuvettes
malodorantes, elle inspira profondément.
La jeune fille ne supportait pas de laisser derrière elle
un endroit encore plus sale que ce qu'il était avant son
entrée, question d'éducation. Elle retourna près
du chaudron. Avec la louche, elle remplit une bassine d'eau bouillante
et retourna près des " toilettes " qu'elle venait
d'utiliser. Elle vida l'eau bouillante dans la cuvette.
" Au moins, pensa-t-elle, ce sera relativement propre la
prochaine fois que je viendrai. "
Amara se sentait mieux. Elle avait moins peur, quelqu'un parmi
les démons semblait veiller à ce qu'il ne lui arrive
rien de mal. La jeune fille ne lui faisait pas totalement confiance
- c'était un démon - mais au moins, elle avait eu
à boire, une couverture et il l'avait conduite là
où elle le demandait. Elle resterait méfiante avec
tous les démons, mais aurait sûrement plus tendance
à se tourner vers celui-ci en cas de besoin
La jeune fille restait là, pensive, au milieu de la pièce.
Elle fut tirée de ses pensées par un crépitement
bruyant du feu sous le chaudron.
Elle se dirigea dans cette direction et remplit à nouveau
une bassine d'eau chaude.
Elle dut attendre quelques minutes que l'eau refroidisse avant
de pouvoir tremper ses mains dans la bassine.
Amara
releva un peu sa jupe et finit de nettoyer ses jambes et ses bras.
Elle remarqua un hématome sur sa cuisse gauche, au dessus
du genou, il était douloureux lorsqu'elle le touchait.
Elle alla vider sa bassine dans les toilettes et la remplit à
nouveau avec de l'eau bouillante. Au bout de quelques minutes,
elle plongea ses mains dans l'eau et les porta à son visage.
L'eau chaude lui fit du bien, elle frotta ses yeux gonflés
et rougis par les larmes versées dernièrement. La
chaleur de l'eau la soulagea et elle répéta son
geste à plusieurs reprises, penchée au dessus de
la bassine d'eau posée sur un gros tonneau, sa jupe retroussée
jusqu'au dessus de ses cuisses.
Elle s'efforçait de penser le moins possible à Misugi
et à tout ce qui s'était passé jusque là.
Elle s'interrogeait néanmoins sur la destination du bateau
et sur ce qu'elle allait devenir.
Tout en continuant à porter l'eau chaude à son visage,
Amara se mit à penser à ses amis et au berceau.
Elle se demanda q'ils viendraient la chercher.
Pendant ce temps, dans une pièce toute proche, à
bord du bateau, un groupe de 6 démons étaient assis
autour d'une table. Celui qui semblait être leur chef était
debout devant eux et parlait avec animation.
- Pourquoi elle est en pleine forme la fille ? Après toute
l'énergie qu'elle a employé pour réduire
en cendres l'un des nôtres... elle n'a pas mangé
ni bu, elle dort dans le froid. ShadowTony toi qui semble prendre
cette affaire très à coeur, tu peux m'expliquer
ça ?
- Ca m'étonnerait que le grand maître ait besoin
d'une gamine à moitié morte et sans aucuns pouvoirs.
Il vous punirait probablement s'il connaissait votre comportement
vis-à-vis de l'enfant, répondit froidement ShadowTony.
Le chef des démons resta silencieux. Son visage, impassible,
ne reflétait aucunes de ses émotions. Un long moment
de silence, lourd et pesant s'installa. Ils attendaient tous que
le chef parle, les yeux baissés vers la table.
Quelques minutes passèrent avant que le chef ne reprenne
la parole. Tous les démons eurent un bref sursaut. La voix
du chef était froide et trahissant l'humeur de l'homme
qui semblait vexé.
- Bon, si tu tiens tellement à ce qu'elle soit en pleine
forme, tu seras le seul à l'approcher. Tu n'étais
pas là au cimetière quand elle s'est attaqué
et a tué l'un de nous...
Un
autre démon se leva, il était de ceux que l'on appelait
Sadida. Les Sadidas étaient des hommes et femmes normaux,
mis à part une épaisse fourrure de diverses couleurs
qui recouvrait l'intégralité de leur corps. Le Gardien
Sadida était contre l'évolution des hommes, et donc
des vêtements. Par conséquent celui-ci avait couvert
ses disciples de cette chaude et soyeuse fourrure. De plus, la
fourrure et ses couleurs étaient héréditaires.
Aussi, celui qui se levait était de trois couleurs aux
variances sombres : le bleu, le vert et le rouge.
-
Vous n'étiez pas non plus au cimetière. Il a tué
le petit ami de l'enfant, celle-ci n'a fait que le venger.
- Oui c'est vrai, mais tu l'as vue toi, Lay. Tu sais que cette
fille est dangereuse. Mais ce problème ne m'intéresse
pas, tu n'auras qu'à t'occuper d'elle toi aussi ça
m'est égal. En tout cas moi, je ne m'y risque pas.
- Vous...
- Non ShadowTony je ne suis pas un lâche ! Tu n'as même
pas idée des missions que le maître m'a confiées.
Si je mourrais, les plans du maître seraient à jamais
brisés.
- Bien
Le dénommé ShadowTony se leva et sortit, claquant
la porte derrière lui. Il détestait cet homme ainsi
que la façon dont il parlait.
Il
se dirigea vers la "salle de bain" et ouvrit la porte
sans faire attention, il se sentait en colère et ne pensait
pas à la jeune fille qui se trouvait dans la pièce.
Il ouvrit la porte brutalement et resta littéralement cloué
sur place. La colère s'enfuit d'un coup quand il aperçut
Amara. Elle n'avait pas bougé, elle était appuyée
sur le tonneau de ses deux bras, sa jupe relevée dévoilait
une fine tache de naissance à l'arrière de sa cuisse
gauche. La jeune fille l'ignora, elle pleurait doucement.
ShadowTony la regarda, elle était jolie. Il la trouvait
même très jolie.
Il l'observa pensivement avant de baisser les yeux, légèrement
honteux. "Non, pas elle... Je ne dois même pas la regarder,
pensa-t-il. Je dois veiller sur elle..."
Il était très troublé et appela doucement
:
- Amara ?
Elle se retourna et le fixa. Son visage était pâle.
Elle essuya les larmes sur ses joues.
- Amara ? Répéta-t-il.
Elle baissa les yeux et s'approcha de lui.
- Tu sauras retrouver " ta cabine " ?
Elle acquiesça d'un signe de tête silencieux.
- Retournes-y, essaye de rester loin des autres démons
et du capitaine.
Amara eût une grimace en pensant au capitaine et leva les
yeux vers le démon.
- Je te rejoints tout de suite, dit-il doucement.