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CHAPITRE 6 : Partie de chasse

Ils marchèrent côte à côte jusqu'au Zaap. Le jour commençait à faiblir.
Arrivés devant le socle de pierre, Misugi prit les mains d'Amara. Ils traversèrent le Zaap.
Quelques instants plus tard, ils étaient dans un endroit sombre, entourés de grilles et de ronces grimpantes.
Misugi ne lâcha pas la main d'Amara, ils empruntèrent un étroit passage sur leur droite. Le jour continuant de baisser. Ils faisait quasiment nuit lorsqu'ils arrivèrent au milieu du cimetière, de grandes torches éclairaient les allées entre les tombes. Amara frissonna malgré la chaleur de la soirée. Misugi sera plus fort sa main et l'emmena dans une autre partie du cimetière. Amara s'arrêta en entendant du bruit, au sol.

- Ce sont des souris, les monstres les plus fréquents et les moins dangereux. Je manque d'entraînement, elles sont agressives mais ne peuvent pas faire grand-chose !
Le jeune homme lâcha la main d'Amara.
- N'ai pas peur, reste ici.
Amara s'assit sur une dalle de marbre et observa les petites créatures qui couraient. Quand une souris s'approchait trop près d'elle, Amara la repoussait vivement d'un coup de pied. Elle reporta son attention sur Misugi. Celui-ci ne bougeait pas. Soudain à quelques pas devant lui, les souris s'affolèrent, courant dans tous les sens. Plusieurs d'entre elles se changeaient en poussière avant d'avoir pu sentir le feu sur elles
Amara, observant la scène, commença à se détendre. Misugi savait ce qu'il faisait.
Et réduites en poussière, les souris lui paraissaient beaucoup moins effrayantes.
Amara se prit à compter les créatures touchées par le feu. Misugi en exterminait souvent trois ou quatre à la fois.

Un long moment plus tard, le peu de souris qui avaient survécu battirent en retraite. Le jeune homme revint vers Amara et s'assit près d'elle, le temps de souffler un peu. Amara applaudit doucement quand il s'approcha.
Peu de temps après, il lui reprit la main et l'emmena face a la petite porte par laquelle ils étaient entrés. Il lui montra le grand portail devant elle.
- On doit aller là bas. Les gardiens du cimetière n'aiment pas qu'on vienne jouer avec les souris, donc il vaudrait mieux se dépêcher, si tu vois ce que je veux dire !
Ils s'approchèrent du portail et se mirent à courir, main dans la main. Ils ne s'arrêtèrent qu'une fois derrière le portail. Ils s'appuyèrent au tronc d'un gros chêne pour reprendre leur souffle. Amara sourit.
- Oui, mais tu verras, ils sont marrants quand ils nous attrapent. Ca brûle comme du petit bois ces choses là.
En voyant l'air étonné d'Amara, le garçon reprit :
- Ils ne sont pas humains.
Il ne rajouta rien, comme s'il était évident qu'Amara comprenne ce qu'il voulait dire.
- J'ai bien envie d'aller faire un petit tour au lac, tu préfères qu'on rentre ?
- Le lac, ça me va.
Elle ne posa pas de questions.

Les deux amis se dirigèrent vers la grande étendue d'eau. Le lac était bordé d'une grande plage de galets.
Ils s'assirent non loin de l'eau.
- Misugi ?
- Hm ?
- Les souris… ce sont des animaux, non ?
- Oh ! Tu me prendrais pour un assassin ? Non, celles-ci ne sont pas naturelles, tu as vu leurs yeux ? Rouges. Je t'ai dit tout à l'heure que c'étaient les monstres les plus fréquents. Elles sont en contact direct avec des âmes mauvaises telles que les vampires et leurs maîtres.
- Les fameux gardiens ?
- Oui.
Misugi jeta une pierre dans l'eau, il resta silencieux un moment puis il reprit :
- Tu n'as pas eu trop peur ? Je sais que c'est impressionnant au début, mais il n'y a aucun danger.
- Ca va, c'est pas une petite souris qui va me faire peur !
Mais Misugi ne l'écoutait plus, son regard avait été attiré par une lueur dans l'eau. Il se retourna et pris la jeune fille par le bras :
- Regarde là-bas !
- Le scarafeuille ? Répondit Amara en levant les yeux.
- Regarde mieux, il est tout transparent et fluorescent… Tu vois ce que je veux dire ?
- Hum… Si on prend le fait qu'il y ait un scarafeuille qui a pas l'air très naturel, qu'il fait nuit et qu'on vient de s'attaquer à un groupe de souris monstrueuses dans un cimetière, je dirais que… Tu vas aller régler son compte à ce scarafeuille !
- Parfaitement ! J'vais m'amuser avec lui, ok ?
Amara hocha la tête et se tourna vers Misugi qui s'approchait du scarafeuille rouge.
Le jeune homme fit face à la bête et se concentra, reculant lentement. Amara vit que le scarafeuille commençait à changer, on n'en distinguait plus que les contours. La jeune fille pouvait voir à présent une petite flamme à l'intérieur du monstre. Il continua ainsi, perdant toute consistance. Puis il finit par disparaître, comme s'il s'effaçait.

Misugi revint vers Amara qui était un peu impressionnée. L'élément du scarafeuille rougeétait le feu, le plus résistant contre le feu lui-même, car " le feu ne brûle pas le feu ". C'était le plus dur à combattre, Misugi le lui avait expliqué.
Il sourit légèrement et se rassit près d'Amara. Le vent s'était levé et il faisait plus frais. Il se rapprocha d'elle et passa son bras autour des épaules de son amie… Amara se laissa faire et se serra contre lui. Ils restèrent un long moment comme ça, sans parler. La jeune fille frissonna, le vend froid soufflait de plus en plus fort. Misugi se leva et tendit la main à Amara. Il l'aida à se relever et garda sa main dans la sienne. Ils repartirent en direction du Zaap.

Quand ils furent devant la chambre d'Amara, Loulou était rentrée. Misugi adressa un signe de main aux filles et partit.
- Alors, ce premier rendez-vous ? Il t'a emmené où ?
Amara soupira.
- Arrête un peu, dit elle en riant. On est allés tuer des monstres, des souris.
- Romantique… commenta Loulou. Enfin bon…
- Hey ! On est juste allés chasser ! Répliqua Amara, faisant mine d'être exaspérée. Elle lança son oreiller a Loulou qui l'évita de justesse.

Amara se changea et se mit au lit. Elle discuta un moment avec Loulou, puis les deux jeunes filles s'endormirent.

Les jours qui suivirent, Amara passa ses journées à apprendre la magie en compagnie de Misugi. Elle arrivait à présent à contrôler le feu, elle parvenait à ne faire qu'un simple trou au milieu du parchemin. Elle savait brûler les petits et gros morceaux de bois, quand elle s'entraînait à contrôler l'énergie en elle, elle ne brûlait que l'écorce. Avec l'eau, elle savait la faire chauffer un peu, puis la faire s'évaporer.

Trois jours après la chasse aux souris, Misugi vint la chercher de bon matin.
Comme chaque jour, ils allèrent jusqu'à la salle de pierre où ils pratiquaient la magie.
Ils s'installèrent sur le rebord de la fenêtre, comme à leur habitude. Sur une petite table, quatre rangées de petites billes de bronze étaient alignées, de la plus petite à la plus grosse.
Amara était anxieuse, elle n'avait jamais travaillé sur du métal. Misugi prit ses deux mains.
- Tu as progressé à une vitesse incroyable ces derniers jours. Le métal est nettement plus difficile à travailler que le reste, mais tu y arriveras. Dans quatre jours, tu devras savoir fondre cette bille de bronze. Il montra une bille d'environ 2cm de diamètre. On travaillera dur, mais tu sauras le faire. A la fête, mardi soir, tu devras savoir faire fondre une bille d'argent de la même taille. J'ai choisi le bronze car il est, à peu de choses prêt, pareil que l'argent. Il fond à la même température. Le bronze est peut-être même un peu plus dur.
- Pourquoi me parles-tu d'une bille d'argent ?
- Cela signifiera la fin de ton apprentissage, tu te perfectionneras avec le temps.
- Bien…
Amara commença à mettre ses gants. Mais il l'arrêta d'un geste.
- Non. Tu crois que tu vas tenir la bille fondue dans ta main ?
- Hum, c'est vrai…
Misugi lui retira doucement les gants et les reposa sur la table.
- Regarde, je vais te montrer
Le jeune homme s'approcha de la table. Il fixa une grosse bille de bronze. On voyait que la tâche lui demandait un effort considérable. Au bout de quelques minutes, la bille devint rouge et brillante. Puis elle se mit à fondre, se ramollissant d'abord, elle commença à s'aplatir. A la fin, il ne restait qu'une flaque rougeoyante. Misugi s'éloigna de la table. Le métal durcit rapidement.

Le jeune homme s'approcha d'Amara et glissa sa main dans la sienne.
- On va faire la première rangée ensemble, d'accord ? Je te laisse faire, mais je suis là.
Il resserra ses doigts autour de la main d'Amara. Elle ferma les yeux et se concentra. Puis elle les rouvrit et fixa la petite bille qui se mit immédiatement à chauffer. En quelques secondes la petite bille avait entièrement fondu. Elle sourit, son pouvoir était tellement puissant lorsqu'il était allié à celui de Misugi.

- Regarde la grosse boule de métal là bas, deux sorciers compétents peuvent la faire fondre en moins de deux minutes…
Ils continuèrent l'exercice, faisant fondre chaque bille avec la même facilité. Amara était heureuse, elle aimait pratiquer la magie avec Misugi. Elle se tourna vers lui et s'approcha. Misugi, un peut surpris lui sourit maladroitement. Elle se glissa entre ses bras et il la serra doucement contre lui, resserrant ses bras autour de ses épaules.
Quelques minutes plus tard, tous les deux sursautèrent en entendant une voix. Maître Tsongor se tenait dans l'encadrement de la porte.
- Alors les enfants ? On travaille ?
- Oui maître, lui répondit Amara en lui adressant un sourire.
Misugi déposa un baiser sur la joue de son amie et s'éloigna doucement d'elle.
- Tu es prête à essayer seule ?
Amara acquiesça, le grand prêtre les observait toujours. Amara ouvrit les yeux et fixa la bille. Elle cherchait un point ou fixer son regard sur cet objet rond et lisse. La bille se mit à rougeoyer. Amara tenta, durant de longues minutes, de faire fondre le métal. Puis elle relâcha son attention. La bille refroidit lentement.

- On a beaucoup travaillé ce matin. On va sortir, je t'expliquerai plus en détail comment tu peux faire fondre cette bille.
Amara lui adressa un sourire de remerciement, l'exercice l'avait un peu fatiguée.
Il était 10h30. Ils descendirent et s'assirent sur un banc de pierre, devant la porte du bâtiment. Misugi lui expliqua comment procéder :
- Il faut faire pénétrer le feu au centre de la bille. Se concentrer sur ce centre et y envoyer l'énergie. Tu ne peux pas la faire fondre en t'attaquant seulement à la surface, tout d'abord, ça te fatiguerait trop, en imaginant que tu fasses fondre la bille en t'attaquant à elle couche par couche, en ne chauffant que sa surface. C'est comme le bois, sauf que le bois étant si facile à brûler, tu ne t'en es même pas rendu compte.

Le jour suivant, Amara parvint à chauffer une petite bille jusqu'à ce qu'elle se déforme.
Le surlendemain, elle travaillait avec acharnement depuis un bon moment. La jeune fille s'apprêtait à réessayer quand Misugi l'arrêta.
- Attend. Regarde bien la bille. Mémorise bien chaque détail. Voilà. Maintenant, ferme les yeux. Garde bien à l'esprit cette image. Concentre toi bien et envoie toute ton énergie. Garde les yeux fermés.
Amara, un peu surprise par cette nouvelle méthode, observa bien la petite bille de bronze. Elle ferma les yeux et visualisa l'image de la bille. Elle visa le centre, à l'intérieur du métal, et commença à chauffer la bille.
Au bout de quelques minutes, Misugi lui toucha l'épaule. Elle ouvrit les yeux. La petite flaque de bronze brillait devant ses yeux. Elle avait réussi.
Elle s'entraîna jusqu'au soir, elle parvenait à faire fondre toutes les billes, la plus grosse était celle de deux centimètres de diamètre.
La jeune fille progressait rapidement, le feu était plus présent en elle, il était prêt dès qu'elle commençait à se concentrer, il lui fallait moins de temps pour l'appeler à elle. Elle visait plus juste, le feu partait avec la bonne intensité.


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