CHAPITRE 19 : La tempête
Le jour commençait à baisser quand les huit compagnons s'arrêtèrent. Le campement fut dressé sur une grande plage.
Keazou et DrouVirus partirent chercher du bois pour allumer le feu pendant que les autres se préparaient avec des feuilles et pommes de pins trouvés au bord de la petite forêt.
Quand les deux jeunes hommes revinrent, le feu fut rapidement allumé. Chacun déballa les provisions qui lui restaient et Dark annonça :
- Nous n'avions pas prévu que le pique-nique était à la fois pour le matin et le soir. Nous n'avons plus grand-chose.
DrouVirus lui demanda :
- Est-ce qu'il y a quelque chose à chasser par ici ?
- Hmm oui dans les champs il y a des Tofus, Bouftous et sangliers sauvages.
- Nous pourrions peut-être en attraper quelques uns ?
- C'est une bonne idée.
- Je suis chasseur, et Glo est très bonne cuisinière.
- OK, allons y.
- Kea, viens avec moi, lança-t-il au jeune homme avant de se tourner vers les autres. Nous revenons tout de suite.Les deux garçons s'éloignèrent de la plage et contournèrent la petite forêt. Ils arrivèrent bientôt au bord d'un champ de blé et d'avoine, où courraient des dizaines de petits tofus sauvages aux plumes jaunes et duveteuses.
- Ca fera l'affaire, non ?
- Oui, je pense.
DrouVirus détacha sa cape et dit :
- Bon si ça ne t'embête pas, tu vas avancer au milieu du champ et faire peur aux Tofus pour les rabattre vers moi.
- D'accord, pas de problèmes.
Keazou s'avança au milieu des Tofus qui voletèrent plus loin, il avança lentement derrière eux et, au signal de DrouVirus, commença à leur courir après en agitant les bras. DrouVirus abattit la cape sur le groupe de Tofus qui fonçaient droit sur lui et en emprisonna quelques uns. Ils s'occupèrent de ceux-ci et recommencèrent l'opération. Ils en attrapèrent une quinzaine ainsi. Sur le chemin du retour, ils croisèrent Dark qui vint rapidement à leur rencontre.
Je vais faucher un peu de blé pour compléter notre repas.
- Bonne idée, lui répondit DrouVirus.
Celui-ci donna leurs gibiers à Keazou et commença à ramasser de longues et fines tiges de bois pendant que Dark fauchait le blé avec une petite faux. Quand ils arrivèrent au campement avec les Tofus, tout le monde les applaudit. Ils les donnèrent à Globox qui commença à les préparer. Pendant ce temps, Dark revint avec de nombreux épis de blé dans les bras, il en distribua à tout le monde.
- Il nous faudrait un récipient Dit War en tournant la tête vers les tofus qui venaient de manger des graines dans une grande gamelle de métal.
- Bon ben en voilà un.
Il rinça le récipient avec un peu d'eau de mer.
Tout le monde s'appliqua à séparer les petits grains de blés des épis et a les déposer dans la gamelle.
- Quelqu'un a de l'eau, au moins ?
- Oui, oui !
Keazou lui fit passer sa gourde et Dark la versa dans le récipient plein de blé.
DrouVirus alluma un nouveau feu où il ne laissa que les braises. Dark posa la gamelle dessus pour faire cuire le blé comme on aurait préparé un plat de pâtes.
Pendant qu'ils faisaient ça, Globox avait plumé et embroché les petits oiseaux qui seraient délicieux une fois grillés.
Pour les protéger du sable, elle les posa sur une vieille cape marron qu'elle avait étendu au sol. Les Tofus n'étaient pas gros et il y'en avait deux sur chaque petite tige de bois.
Dark, avec une petite tailladeuse d'arc, tailla des branches de bois dur et les planta profondément dans le sable de sorte que l'on puisse poser les " brochettes " dessus, au dessus du feu.
Tout était enfin prêt et ils n'avaient plus qu'à attendre que ça cuise en surveillant la nourriture.Les deux gros Sangliers qui ne semblaient pas apprécier le sable s'étaient éloignés vers la forêt où ils cherchaient glands et racines à manger.
Le gros Bouftou quant à lui, dormait, blotti devant le feu, près des huit compagnons assis en cercle.
L'énorme Craqueleur savait se faire très discret, il restait toujours en retrait, à quelques mètres de sa maîtresse.Une fois le blé cuit, le plat passa entre les mains de chacun. Les Tofus sauvages finirent de cuire, ils étaient délicieux, grillés et croustillants.
- Bon, après ce succulent repas, il va falloir se décider pour les tours de garde. Tout d'abord, nous avons avancé beaucoup plus vite que prévu aujourd'hui, et nous arriverons aussi rapidement dans le Clan des Sadida qu'au village des Tofus Perdus si nous avançons aussi rapidement qu'aujourd'hui. Nous nous arrêterons dans ce village plutôt au retour, si ça ne dérange personne.
Les jeunes gens se regardèrent, Beothien semblait contrarié mais ne dit rien, ils étaient tous d'accord.
- Nous venons de voir que l'on peut très bien se débrouiller sans devoir emporter des provisions. Regardez.
Keazou sortit une grande carte, la déplia sur le sable et la leur montra en leur donnant des explications :
- Nous sommes ici en bord de plage. Il faut traverser les champs directement jusqu'à la pleine des dragufs sans faire de détour par le village des tofus perdus. Nous marcherons peut-être une petite partie de la nuit sur la plaine des dragufs mais sûrement moins que si on avait passé du temps au village. Regardez, nous aurions dû passer par ici et je vois que l'on peut couper directement vers le clan des Sadida. Nous gagnerons un jour de marche. Une fois au clan des Sadida, il nous restera une petite heure pour aller chez les Chevaliers de la Terre. Nous serons même en avance. Par contre au retour il sera plus difficile de chasser pour se nourrir car nous serons normalement plus nombreux, il faudra emmener des provisions. Au retour nous passerons au village des Tofus Perdus pour se restaurer. Ensuite on repassera sur cette plage, puis à Sufokia et enfin au berceau.Loulou compta :
- Demain nous serons au berceau des Chevaliers de la Terre, après-demain au village des Tofus Perdus, dans trois jours sur cette plage. Dans quatre jours, retour à Sufokia, et dans cinq jours arrivée au berceau. Il nous reste cinq jours de marche, cela fait déjà deux jours que nous marchons. Donc, une semaine en tout.
- Exactement, nous aurions pu marcher beaucoup plus longtemps. Au retour, il faudra être discrets et prudents pour alerter le moins possible les démons mais nous serons nombreux, ce sera difficile
- Oui, ce sera difficile. Il faudra sûrement se battre Nous allons contourner le labyrinthe. Même s'il n'y a généralement personne plus loin que l'entrée, en ce moment il doit y avoir des gardes tout autour, avança Djahil.
- Oui, bien entendu. De toute façon, avec les Chevaliers de la Terre, nous serons forts. Bon, mes amis, nous avons la chance d'avoir une nuit magnifique et une température très agréable. Après ce bon repas, je vous souhaite donc bonne nuit. Je monterai la garde une partie de la nuit avant de venir réveiller l'un de vous.
- On devrait monter la garde deux par deux, ce serait plus prudent.
- OK, qui reste avec moi ?
DrouVirus vint s'asseoir près de lui.
- Bonne nuit tout le monde.
Le début de la nuit se passa sans incidents. Au bout de quelques heures, DrouVirus réveilla Dark et War. Kea et DrouVirus allèrent se coucher.
Pendant cette même soirée, au fond d'un bateau, dans une petite cabine éclairée par la lumière rougeoyante d'un bracelet de métal, trois amis discutaient.
Lay, ShadowTony et Amara venaient de terminer leur repas et discutaient à propos de ce qu'ils feraient une fois sortis du bateau.
A vrai dire, il n'y avait que ShadowTony qui le savait précisément, mais il n'était pas bavard à ce sujet. Lay n'avait qu'une conviction : il allait suivre ShadowTony, son ami de toujours. Il se sentirait moins seul. Et puis, tout au long de leur amitié, Lay avait vu ShadowTony gagner en puissance, il se sentait en sécurité près de lui. En effet, le frère d'Amara avait profité de l'enseignement des démons basé sur un seul but : la puissance, et en avait tiré profit dans l'optique de réussir finalement à combattre ces démons.
Amara quant à elle, verrait bien ce qu'on lui dirait de faire et où on lui dirait d'aller. Elle resterait avec les gens du berceau. Elle se demandait d'ailleurs où ils pourraient bien aller, ce qu'ils pourraient bien faire.
Les trois amis se quittèrent tard dans la nuit après une longue discussion à ce sujet.
Keazou dormait depuis une bonne heure quand il fut réveillé en sursaut par War qui le secouait sans ménagement. Le jeune homme se dit qu'il devait dormir très profondément pour ne pas avoir entendu ce bruit assourdissant. Les sept autres étaient tous debout, essayant de rassembler leurs affaires. Une tempête s'était levée brusquement et le vent soufflant avec fracas sur la plage. La mer, si calme la veille était secouée par le vent, des rouleaux de plus d'un mètre de hauteur venaient s'écraser bruyamment sur la plage. Keazou et les autres se mirent à courir, luttant contre le vent, et s'enfoncèrent dans la forêt. Ils devaient crier pour s'entendre, la tempête se déchaînait et devenait de plus en plus forte. La pluie ne tarda pas à s'ajouter au vent furieux. Les huit compagnons s'immobilisèrent au milieu de ce petit bosquet, serrés les uns contre les autres. La pluie les fouettait cruellement. Keazou leur cria :
- On peut pas rester là !
Les arbres bougeaient dangereusement, ils ne voyaient pas le sol, dans la nuit noire.
Keazou dit quelque chose mais sa voix fut couverte par une bourrasque de vent et de pluie glacée.
Quelques secondes plus tard, un roulement de tonnerre les fit sursauter, Loulou cria.
Keazou essayait de garder son sang froid mais se sentait un peu perdu, il ne savait plus que faire. Le tonnerre gronda à nouveau, la foudre s'abattit non loin d'eux. Les éclairs éclairaient un paysage chaotique et sombre, le vent et la pluie continuait de souffler et de fouetter le visage des compagnons.
Dark se mit à courir :
- Venez !
Ils se mirent tous à courir à sa suite, les animaux suivant tant bien que mal. Ils coururent ainsi un long moment, pataugeant à travers champs. Ils avaient l'impression que tout tremblait, que la tempête n'allait jamais s'arrêter.
DrouVirus s'écria :
- Il y a de la lumière ! Là-bas !
Une détonation du tonnerre les fit accélérer encore, la tempête semblait les poursuivre. Ils continuèrent leur course vers la lumière. Ils arrivèrent bientôt à une grande ferme aux fenêtres illuminées.
Dark prit la tête et répéta :
- Venez !
Il se jeta littéralement à genoux devant la ferme et tambourina à la porte.
- S'il vous plait !
Dark se releva difficilement quand la porte s'ouvrit. Il répéta :
- S'il vous plait
Une vieille femme aux cheveux verts s'écria :
- Oh mes pauvres enfants ! Entrez, entrez vite !
Les huit compagnons entrèrent, suivis par leurs animaux, par chance aucun n'avait été blessé. La ferme toute entière tremblait, les vitres vibraient.
La femme répéta :
- Oh mes pauvres enfants Que faisiez vous dehors en pleine nuit ? Et par un temps pareil ?
Tous les huit étaient au milieu de la pièce, trempés. Certains s'étaient laissé tomber à terre, encore secoués par ces émotions.
- Oh la la la la !
La vieille dame tira un grand banc de la table jusqu'au devant de la cheminée.
- Installez vous je vais aller chercher des couvertures.
Ils s'assirent en silence sur le banc, la tempête faisait rage au dehors, l'orage tonnait, la pluie tombait à grand bruit. Les jeunes gens, tremblants, regardaient la vieille dame revenir. Elle leur posa des couvertures sur les épaules. Dark prit la parole :
- Merci madame.
- Mais de rien mon petit. Pourquoi étiez vous donc dehors ?
Keazou raconta leur histoire pendant que la dame leur préparait du thé. Elle leur apporta des tasses fumantes. Keazou la remercia et continua.
- Il faisait un temps magnifique quand nous avons dressé notre campement Comment le temps peut-il changer si brusquement ?
- Eh bien ce n'est pas un orage naturel, ça c'est certain. D'après votre histoire, vous devez connaître l'existence du Maître du mal ?
- Oui, en effet.
- Eh bien, je vais vous raconter une histoire. Le " Maître " a un jour entendu parler d'une légende. Voulez vous l'entendre ?
- Oui, s'il vous plait.
La vieille dame s'installa dans un fauteuil à bascule et se couvrit les jambes d'une fine couverture. Pendant que les huit compagnons buvaient leur thé en se réchauffant près du feu, la vieille dame se mit à raconter :Il était une fois, il y a très longtemps dans le château d'Amakna, vivait une jeune gouvernante. Elle s'appelait Aki et était une très jolie Sadida. Elle menait une existence simple et effectuait avec soin le travail qui lui était confié au château. La jeune Sadida ne se doutait pas du pouvoir qui l'habitait, elle ne savait même pas qu'il y avait de la magie en elle jusqu'au jour ou le prince de ce château était entré dans sa petite maisonnette, blessé. En le soignant, elle avait senti une force magique s'infiltrer dans son corps. Elle s'était rappelé avoir déjà rencontré pareil évènement quand elle était petite, près de sa mère. Elle ne chercha jamais à utiliser la magie, car après tout elle ne l'avait jamais utilisée et ne savait pas comment faire.
Cette jeune fille continua sa vie au château sans le moindre souci.
Un jour qu'elle allait faire son marché, Aki fut attirée par un magnifique livre, dans la vitrine d'une boutique d'antiquité. Sur un coup de tête, elle l'acheta et le ramena chez elle.
Quand elle l'ouvrit, un formidable orage éclata. Dans le livre elle lut ces quelques phrases :Toi qui lis cet ouvrage
Viens de créer un nouvel élément
Qui perdurera au fil des âges
Quand il choisira son descendant.Deux êtres de lumière sont nés
Pour assurer notre destinée.
Ils seront Maîtres des orages
Qui frappent ton pays avec rage.Leur pouvoir sera immense
L'un d'eux sauvera l'humanité
S'il use avec sagesse, avec clémence
Du pouvoir dont il a hérité.Celui qui nous sauvera
Pourra réduire à néant
Celui qui porte l'aura
De son élément.C'est ainsi qu'apparut l'être de lumière
Et que deux êtres naquirent sur notre Terre.Cet orage que tu vois
Se reproduira quand l'un des êtres
Trouvera son héritier et lui apprendra
A en devenir le Maître.Si ces paroles sont oubliées
Le monde connaîtra un grand tourment
Car la lumière reste la clé
Qui unira les quatre éléments.Le totem sacré
Permettra à l'élu de s'envoler
Vers le ciel illuminé
Qui vaincra l'obscurité.Toutes les autres pages du beau livre étaient vierges, de minces reflets lumineux les parcouraient.
- Le maître s'est mis à la recherche du livre pour découvrir ce qu'il cache, continua-t-elle, mais il ne l'a jamais trouvé. Le bruit court qu'il possède déjà l'élément de lumière et qu'il cherche à l'utiliser contre ses ennemis. On raconte aussi qu'il cherche à le transmettre à l'un de ses serviteurs, c'est peut-être ce que le livre appelait son " descendant ".
Keazou regarda la vieille dame, il trouvait impressionnant qu'elle se souvint de tant de choses et puisse les raconter avec autant d'exactitude. Il demanda :
- Madame L'avez-vous noté quelque part ? Je suis sûr que cela pourrait nous être d'une aide précieuse. Je ne sais pas si notre prêtre connaît cette légende.
- Je vous donnerai le parchemin. Vous allez passer la nuit ici, et dès demain je vous conduirai chez les Chevaliers de la Terre.
- Merci madame répondit Globox à la vieille femme.Les animaux s'étaient rapprochés timidement de la cheminée et se tenaient près du banc.
- Je vais vous installer au grenier si ça ne vous dérange pas de dormir sur la paille.
Elle regarda la mince échelle qui se trouvait contre le mur, puis le craqueleur.
- Hum Je ne pense pas que votre ami puisse monter au grenier. Les animaux peuvent dormir dans la grange avec mes Tabis.
Globox se leva et suivit la vieille dame jusqu'à une vieille porte au fond de la grande pièce. Elles entrèrent dans la granges, suivies des deux Sangliers, du Bouftou, des quatre Tofus et de leur mère le Bwork et du Craqueleur.
Elles revinrent quelques minutes plus tard.
- Voilà, vous pouvez monter, je vous apporte d'autres couvertures.
Les huit compagnons montèrent par la petite échelle et arrivèrent dans un sombre grenier plein de ballots de paille et d'herbe sèche, ils étendirent leurs couvertures sur la paille et attendirent la vieille dame. Elle arriva quelques instants après et leur donna d'épaisses couettes. Un coup de tonnerre les fit sursauter.
- Ne vous inquiétez pas, cette vieille ferme en a vu d'autres. Dormez en paix mes enfants, je viendrai vous réveiller pour le petit déjeuner.
- Merci pour tout madame.
- Au village, on m'appelle Tante Lucette. Bonne nuit.Tante Lucette descendit la petite échelle et laissa les compagnons dans le noir. Ils se couchèrent tous ensemble sur leur lit de paille et se couvrirent des chaudes couettes. La pluie battait furieusement la petite lucarne, les éclairs éclairaient par moment le grenier. Keazou sursautait légèrement à chaque coup de tonnerre, le cur battant, il se tourna vers Loulou et la prit dans ses bras, autant pour la rassurer que pour se rassurer lui-même. Il détestait l'orage et se sentait mal à l'aise en entendant les roulements menaçants du tonnerre. Il ferma les yeux et finit finalement par s'endormir. Tous les huit sombrèrent peut à peu dans le sommeil. Il était environ trois heures du matin.
Deux heures à peine après que Lay, ShadowTony et Amara se soient séparés, la jeune fille se réveilla en sursaut, projetée à l'autre bout du matelas, contre la coque du bateau. Elle se rétablit tant bien que mal au milieu du matelas et regarda autour d'elle, sortant peu à peu du lourd sommeil duquel elle avait été arrachée. Elle se frotta les yeux et fut à nouveau projetée contre la paroi de sa cabine. Le bateau semblait secoué par une force invisible, une grande agitation régnait au dessus d'elle, sur le pont du bateau. Elle se leva, manqua de tomber. Le bateau bougeait vraiment beaucoup. Amara entrouvrit la porte et regretta immédiatement son geste : le vent glacé et la pluie s'engouffrèrent par la porte entrebâillée et l'ouvrirent, la faisant claquer violemment. Un grand frisson parcourut le corps de la jeune fille, elle essaya de sortir dans la salle d'à côté mais fut bousculée par Lay qui se précipitait vers le pont. Il lui cria :
- Ama ! Rentre dans la cabine ! Ferme la porte, vite !
Amara, docile, rentra dans sa cabine et lutta contre le vent pour refermer la porte. Elle fut aidée par un mouvement du bateau qui la plaqua contre la porte qui se claqua. Amara était gelée, le vent et la pluie glaciale qui l'avaient fouettée avaient rougi sa peau et elle tremblait de froid. Elle alla tant bien que mal sur le matelas et se blottis sous sa cape. Le bateau, à chaque moment menaçait de la propulser contre les murs. Elle s'accrocha au matelas, toute tremblante.
Soudain, un coup de tonnerre retentit, si fort qu'Amara eut l'impression que le bateau explosait. Elle apercevait parfois la lumière des éclairs, sous la porte.
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Sur le pont, les démons luttaient contre la tempête, tiraient su des cordes pour rabaisser les voiles qui claquaient contre le mât. Les cordes s'emmêlaient. La foudre tomba, une voile s'enflamma. Après beaucoup d'efforts, les démons parvinrent à faire tomber le morceau de tissus en feu dans la mer, pour sauver les autres parties de la voile. Une fois toutes les voiles hors d'atteinte de la tempête, le chef cria :
- Retournez tous dans vos cabines ! Je veux deux hommes avec moi ! On va jeter l'encre, on peut plus bouger cette nuit.
Tous les démons entrèrent dans le bateau et se dispersèrent dans leurs cabines. ShadowTony qui partageait sa cabine avec Lay dit à celui-ci.
- Je vais voir Amara, si le chef revient, dis-lui que je vais juste vérifier qu'elle va bien. Le bateau bouge beaucoup et elle n'a rien à quoi s'accrocher.
- OK.
ShadowTony arracha la couverture du dessus de son lit et se précipita au dehors, il se dirigea vers la cabine de la prisonnière.
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Amara, gelée, se recroquevilla sur elle-même ; le froid brûlait ses bras et ses jambes nues. Son bracelet se mit à briller, enfin ShadowTony venait la voir ! Elle gémit quand le vent entra dans la cabine par la porte que ShadowTony venait d'ouvrir, elle tremblait encore, blottie sous sa cape. ShadowTony ferma rapidement la porte et regarda sa petite sur dans la pénombre. Il la recouvrit de sa couverture, Amara lui sourit faiblement.
- Merci
ShadowTony, peu couvert lui aussi et venait du dehors ou la tempête se déchaînait, grelottait, debout devant la porte. Il s'assit sur le matelas en frissonnant. Elle le couvrit d'un côté de la couverture, mais, découverte, elle frissonna à son tour. Il se glissa doucement près d'elle et remonta la couverture sur leurs épaules. La jeune fille se blottit instinctivement contre lui. Il se tourna vers elle :
- Ca va, Amara ?
Elle claquait des dents.
- J'ai froid
Il la prit dans ses bras et la serra contre lui.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
Tous deux chuchotaient, le bateau bougeait toujours autant mais ils étaient serrés l'un contre l'autre, au milieu du matelas, ce qui atténuait les secousses du bateau. La cabine isolée les protégeait de tous les bruits de la tempête, même les vagues frappaient plus haut sur le bateau, provoquant un léger bruit sourd. Seul le tonnerre persistait et grondait avec force.
Le bracelet d'Amara brillait plus fort que jamais.
- Hier soir le temps était stable, la mer calme. Peu après qu'on soit allés nous coucher, le bateau s'est mis à bouger. On a quasiment été jetés du lit par la tempête. Puis juste après, par le chef qui avait besoin de nous On est sortis, il fallait rentrer les voiles à cause de la tempête. Il y a beaucoup de vent et de pluie glacés, puis l'orage s'est levé. Une voile a brûlé, ce qui est un bon point pour nous car le bateau avancera moins vite. Avec ce vent, plusieurs hommes ont failli passer par-dessus bord Le chef a donné l'ordre de rentrer les voiles et de jeter l'encre, encore un bon point pour nous.
Amara rouvrit les yeux et se serra contre lui.
- Ca va mieux toi ?
- Oui, merci beaucoup ShadowTony.
Amara sentait ses yeux se fermer, elle posa la tête sur son épaule et ferma les yeux. Elle sourit en l'entendant murmurer.
- Bonne nuit, petite sur.