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CHAPITRE 10 : Le sauvetage

Les jours qui suivirent, la jeune fille continua son entraînement, travaillant avec ardeur.
Un mois passa sans qu'il ne se passe d'événements particuliers.

Un beau jour au cœur de l'été, alors que Loulou et Amara étaient sorties et profitaient du soleil, allongées sur leur serviette de plage, elles perçurent un faible cri venant d'un buisson, au dessus de la plage.
Amara semblait inquiète, elle se leva et chercha l'origine du bruit. Elle se dirigea dans cette direction, écarta les branches d'un arbrisseau broussailleux et découvrit un homme, recroquevillé sur lui-même. Il gémissait faiblement et la douleur se lisait sur son visage. Il ouvrit les yeux, la fièvre empourprait son visage, il respirait avec difficultés. Quand il aperçut Amara, il s'agrippa à son bras, lui faisant presque mal. Amara le retourna sur le dos et l'allongea. Elle diagnostiqua de graves brûlures sur ses bras et sa poitrine. Une blessure saignait abondamment à son épaule. Amara, ne sachant que faire, appela Loulou. Le cri désespéré d'Amara la fit accourir et elle étouffa un cri en découvrant le jeune homme blessé. Elle s'approcha et repoussa Amara, la jeune fille, surprise, trébucha et se rattrapa de justesse à une branche.

Loulou semblait connaître le blessé, sans hésiter, elle détacha la ceinture de l'homme et vida le contenu de la sacoche qui pendait au flanc de celui-ci. Elle fouilla un instant parmi les fioles, les fleurs et les ustensiles répandus dans le sable. Observant par-dessus l'épaule de la petite fée, Amara reconnut le matériel d'alchimiste. Elle était troublée et ne remarqua pas tout de suite que Loulou lui faisait signe d'approcher.
- Ama ! Mais aide-moi enfin !
Elle lui tendit une petite fiole et un grand morceau de tissu.
- Occupe-toi de son épaule.
Loulou sortit de la sacoche la petite paire de ciseaux en argent qui servait à couper les tiges des fleurs les plus résistantes ainsi que les plus délicates, elle découpa maladroitement le haut de la tunique déjà en lambeaux, brûlée et tachée de sang.
Amara se pencha sur le blessé et versa le contenu de la fiole sur la plaie, elle la compressa ensuite fortement avec le tissu pour empêcher le saignement.
Elle réprima un petit cri d'horreur en détaillant la poitrine du garçon, sa peau était brûlée, des griffes zébraient son torse, laissant des marques jaunâtres…
Loulou battait nerveusement des ailes, murmurant ses incantations d'une voix faible. Son visage était baigné de larmes.
- Ama ! Je n'y arriverai jamais seule ! Gémit-elle, désespérée.
Amara utilisa la ceinture pour maintenir le tissu sur l'épaule du jeune homme. Elle contourna son corps et s'approcha de Loulou, sans hésiter, elle passa les bras autour des épaules de son amie et se concentra pour l'aider comme l'avait fait Misugi avec elle.
Loulou soupira de soulagement en sentant ses forces revenir et s'activa sur le corps du blessé. Les brûlures devinrent moins rouges, les griffes se rétractèrent.

Une fois les premiers soins donnés, Loulou détourna son attention de l'homme et se laissa tomber sur le côté. Amara, sentant son propre épuisement, réalisa l'effort qu'avait du fournir Loulou. Elle se leva et fit maladroitement quelques pas.

Elle du s'y reprendre à plusieurs fois pour retrouver un équilibre à peu prêt stable. Elle se dépêcha de regagner le berceau. Assise sur le socle de pierre, entre les rochers, Amara attendit. La lumière autour d'elle brillait faiblement. Elle attendit un long moment avant de réaliser qu'elle ne saurait activer le Zaap dans cet état. Elle ferma les yeux et se concentra, sa tête était douloureuse. Soudain elle se sentit transportée. Quand elle regarda autour d'elle, sa vision trouble lui montra un grand temple.
- Amara ?
La jeune fille leva les yeux vers le sorcier.
- Mais depuis quand n'arrives-tu plus à activer les Zaaps ? C'est…
Il s'interrompit en voyant la fatigue de la jeune apprentie.
- Amara, il y a un problème ?
- Un homme blessé sur la plage… plus en danger maintenant… Loulou…
L'esprit d'Amara était embrumé, elle ne trouvait plus les mots qui convenaient.
- Ne bouge pas Amara, nous allons envoyer de l'aide.
Le prêtre sortit, Amara resta seule au milieu de la pièce, cherchant à reprendre ses esprits.
Au bout de quelques longues minutes, quelqu'un entra dans le temple. C'était un jeune homme plutôt petit, il avait une étrange peau bleu- nuit, presque violette, de la même couleur que les petites ailes que l'on apercevait dans son dos. Il semblait heureux et paisible. Il s'assit devant Amara et la regarda. Il murmura quelques mots et la jeune fille se sentit tout de suite soulagée, ses idées se remettaient peu à peu en place. Elle se leva et ne ressentis plus rien des vertiges ressentis quelques instants plus tôt, elle se sentait parfaitement bien.
- Merci. On se connaît il me semble ?
- Je suis un ami de Misugi, Romanas.
- Oui c'est vrai je m'en souviens.
Amara sembla se souvenir de quelque chose.
- Je dois aller sur la plage !
Le garçon sortit. Malgré sa petite taille, Amara jugea qu'il devait avoir à peu prêt l'âge de Misugi.
Amara repensa à l'homme de la plage et se précipita jusqu'au Zaap de sortie. Elle accourut jusqu'au lieu où elles avaient découvert le blessé.

Quelques personnes s'y trouvaient, quelques fées s'affairaient autour de Loulou. Le blessé était réveillé et s'entretenait avec le Grand Prêtre. Il avait été installé sur une civière et couvert d'une couverture, il semblait encore très faible. Il parlait avec difficulté, grimaçant de douleur à chaque fois que sa poitrine se soulevait.
Loulou revint peu à peu à elle et ouvrit les yeux. Les fées autour d'elle finirent leurs incantations et elle se leva. Elle s'approcha de la civière. Ne tenant pas compte du Prêtre qui parlait, elle s'agenouilla prêt du jeune homme et prit la parole :
- Keazou ! Ce sont les dragœufs n'est-ce pas ?
- Loulou… oui les dragœufs… ils sont devenus méchants… comme tous les autres…
Keazou ferma les yeux et réprima une grimace de souffrance.
- Mais enfin de quels autres parles-tu ?
Le Prêtre intervint alors :
- Loulou, du calme. Ton ami a besoin de repos, nous parlerons de tout ça un peu plus tard.
- Merci Loulou… je n'aurai certainement pas survécu sans toi.
- Je n'allais tout de même pas te laisser mourir derrière ce buisson, le taquina Loulou.
Amara s'avança timidement, derrière Loulou. Le Grand Prêtre dit :
- Je crois que tu oublies Amara, Loulou. Elle a beaucoup contribué au sauvetage.
Amara croisa le regard du jeune homme et se sentit rougir, alors qu'il la regardait dans les yeux, son regard était reconnaissant. Il la remercia.
- Mais ce n'est rien, n'importe qui aurait fait la même chose ! Et puis j'ai pas aidé beaucoup…
Loulou était couverte d'une couverture, Amara, toujours en maillot de bain, s'aperçut qu'elle frissonnait. L'inconnu la dévisageait, elle-même ne pouvait s'empêcher de l'observer.

Au même moment, Misugi arriva à l'improviste derrière Amara et l'enlaça. Surprise, elle sursauta et se retourna afin de lui rendre son étreinte. Sans lâcher la jeune fille, Misugi se retourna vers le blessé.
- Bonjour Keazou.
A la surprise d'Amara, et de Keazou lui-même, le ton de Misugi avait quelque chose de froid, il semblait énervé. Celui-ci ne savait que dire au jeune homme allongé sur la civière. Son bras crispé autour de la taille d'Amara traduisait son humeur. Amara comprit que son ami n'avait pas apprécié le regard de Keazou et l'attention que celle-ci lui portait. La jeune fille exaspérée se détacha de l'étreinte envahissante de Misugi. Loulou quant à elle semblait tout à fait d'accord avec Misugi.

Si bien qu'Amara battit en retraite et alla s'asseoir un peu plus loin sur un rocher.
Le bouftou qui observait la scène depuis le début, s'approcha de sa jeune maîtresse. Elle le prit sur ses genoux et le caressa distraitement en observant la scène de loin.
Misugi discuta un moment avec Loulou puis il s'éloigna. Il adressa un petit signe de la main à Amara et rentra. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse entre les rochers. Puis elle reporta son attention sur le blessé. Il semblait dormir. Sur ordre du prêtre, quelques personnes soulevèrent la civière et le groupe se dirigea vers le Zaap. Loulou marchait à côté du blessé.
Amara suivit, derrière.
Keazou fut installé dans une chambre à part, en dehors des dortoirs. L'incident fut énoncé durant le repas.

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